Le président algérien effectuera une visite d’État en France « fin septembre-début octobre » a annoncé, lundi, l’Élysée, à l’issue d’un entretien téléphonique entre Abdelmadjid Tebboune et son homologue français, Emmanuel Macron.
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L’été réchauffera-t-il la tumultueuse relation franco-algérienne ? Paris escompte, en tout cas, une visite officielle du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, en France, d’ici « fin septembre-début octobre ». L’annonce a été faite, lundi 11 mars, par l’Élysée, à l’issue d’un entretien téléphonique du président algérien avec son homologue français, Emmanuel Macron.
Cette visite, plusieurs fois reportée sur fond de chauds et froids récurrents entre les deux pays, aura lieu « à une date à préciser » durant cette période, indique la présidence française.
Elle interviendra quelques semaines avant le scrutin présidentiel en Algérie, prévu en décembre. Le président Tebboune, 78 ans, n’a pas encore annoncé s’il briguera ou non un deuxième mandat.
Programmée d’abord début mai 2023, la visite avait été repoussée à juin de la même année, les Algériens craignant alors qu’elle ne soit gâchée par les manifestations du 1er-Mai contre la très contestée réforme des retraites en France, selon des sources concordantes.
Crises diplomatiques
Mais Abdelmadjid Tebboune n’a ensuite jamais confirmé sa venue, qui devait consacrer l’embellie entre les deux pays après nombre de crises diplomatiques. Il s’était en revanche rendu au même moment en visite d’État en Russie, ce qui avait été perçu comme un désaveu envers Paris.
En décembre, Alger assurait encore que les conditions d’une visite n’étaient « pas idoines », évoquant alors cinq dossiers à régler au préalable, dont ceux de la mémoire, la mobilité, la coopération économique et des essais nucléaires français dans le Sahara algérien.
« Les deux présidents ont évoqué l’approfondissement du partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie dans la suite de la déclaration d’Alger » conclue lors de la visite d’Emmanuel Macron à Alger en août 2022, a précisé l’Élysée.
Ce partenariat renouvelé doit intervenir « sur le plan économique, énergétique, agricole, éducatif et culturel ainsi qu’en matière de mobilités et d’échanges humains », rappelle la présidence française.
« S’agissant des questions mémorielles, ils se sont félicités des récentes avancées de la Commission mixte franco-algérienne d’historiens présidée par les professeurs Mohamed Lahcen Zeghidi et Benjamin Stora, qui se réunira de nouveau en avril, ajoute-t-elle.
Le poids de l’histoire coloniale
La question de la colonisation française (1830-1962) pèse encore très lourd entre les deux pays. Le pouvoir algérien issu de la guerre d’indépendance (1954-1962) y puise sa légitimité.
Une véritable « rente mémorielle », avait lancé Emmanuel Macron en 2021, après avoir tenté en vain de sceller la réconciliation entre les deux pays, suscitant alors l’ire d’Alger.
« Ils ont également évoqué les questions régionales et la coopération au Conseil de sécurité des Nations unies, s’agissant notamment du conflit au Proche-Orient », poursuit-elle.
Les États-Unis ont mis leur veto, en février, au Conseil de sécurité, à un projet de résolution présenté par l’Algérie qui exigeait « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » à Gaza.
Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’était rendu en novembre à Alger, où il avait été reçu par le président algérien, pour évoquer notamment « la lutte contre la criminalité organisée », les « migrations » ainsi que les « conséquences de la crise » au Proche-Orient.
Les relations entre Paris et Alger fluctuent également au rythme de celles de la France et du Maroc, rival de l’Algérie. Ces derniers mois, la France a essuyé des déboires avec les deux pays. Elle a réenclenché en février un processus de réchauffement avec Rabat, sans plomber semble-t-il les discussions avec Alger.
Avec AFP