« Les précipitations moyennes enregistrées de septembre au 12 mars sur l’ensemble du Royaume ont varié de 2,3 mm à 288 mm, soit un déficit national de 60% par rapport à la moyenne et 49% par rapport à l’année dernière pour la même période », fait savoir Hamou Bensaadout, directeur général de l'Hydraulique au ministère de l'Equipement et de l’Eau.
Il souligne, à ce sujet, que la situation est toujours tendue, nécessitant en parallèle des actions par rapport aux mesures d’urgence déployées par les organismes concernés sous la tutelle du ministère. D’où la décision du ministère de tutelle d’organiser une campagne de sensibilisation en vue de mieux communiquer sur la situation hydrique actuelle, résultat de six ans de sécheresse consécutifs. Le défi également est de promouvoir les gestes économes d’eau en vue d’assurer une meilleure gestion de cette ressource précieuse.
Une communication à grande échelle sur les médias et sur les réseaux sociaux est envisagée. De plus, les agences de bassins hydrauliques adhèrent à cette démarche en menant une campagne de communication de proximité dans toutes les régions du Royaume. L’enjeu est que les citoyens aient conscience de la gravité de la situation et adhèrent, de ce fait, aux actions menées par les différentes parties prenantes en vue d’optimiser durablement la consommation d’eau.
Cette mesure s’ajoute à celles drastiques mises en place dans certaines régions du Royaume, notamment à Sidi Bennour où des coupures d’eau sont imposées entre 6 heures et 14 heures durant le mois de Ramadan en vue de rationnaliser la consommation d’eau provenant du barrage Al Massira, toujours en situation déficitaire.
Barrages
La réunion présidée par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et marquée par la présence du ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a été également l’occasion de faire le point sur l’apport des dernières précipitations sur les barrages, affichant jusque-là un niveau de remplissage moins conséquent.
Selon les informations présentées lors de ladite réunion, les apports au niveau des retenues des barrages ont été évalués à 1,4 milliard de m3 pour la période allant de septembre 2023 au 12 mars 2024. Ces apports sont déficitaires de 73% par rapport à la moyenne et de 42% par rapport à l’année dernière.
Ainsi, ces retenues ont eu un impact assez considérable sur les réserves disponibles au niveau des retenues de l’essentiel des barrages du Royaume. Lesquelles sont, aujourd’hui, de l’ordre de 4,24 milliards de m3, soit un taux de remplissage de 26, 3% contre 34,26 enregistré la même période de l’année dernière. Ces apports ont permis, par ailleurs, de décaler les dates prévues pour la saturation des systèmes vulnérables.
Projets en cours
Ladite réunion a été aussi l’occasion de mettre l’action sur l’état d’avancement des grands projets hydrauliques dans le cadre du Plan d’urgence pour sauver les régions menacées par le stress hydrique, surtout Casablanca et les régions avoisinantes. Il s’agit, d’ailleurs, du projet de connexion entre la station de Jorf Lasfar à El Jadida et le barrage de Dourat. Une alternative par laquelle le département de Nizar Baraka veut remédier au déficit d’eau au niveau du barrage Al Massira qui, autrefois, approvisionnait la zone Sud de Casablanca.
Ainsi, ce projet permettra, selon Hamou Bensaadout, d’approvisionner cette partie de la capitale économique ainsi que Berrchid, Bouskoura et Settat. Lors de la même réunion, la Commission a fait l’état d’avancement du projet d’interconnexion du barrage Oued El Makhazin avec celui de Dar Khroufa dans le cadre de la sécurisation des besoins en eau potable de la ville de Tanger.
Pour le département de tutelle, ce projet est crucial car il permettra d’acheminer près de 100 millions m3 d’eau par an afin de répondre efficacement à la demande de la population de la capitale du Détroit. Pour ce qui est des projets de réalisation de la station de dessalement de Tanger et celle de Casablanca, ils ont été également au cœur de cette réunion.
Selon les informations fournies par Hamou Bensaadout, ces projets avancent à grands pas, et permettront d’alléger la pression sur les barrages des deux villes. « L’Office national d’eau et d’électricité (ONEE) mène les études concernant l’emplacement de la station de Tanger et la qualité de l’eau pour que les travaux puissent démarrer prochainement », rassure le responsable au sein du ministère de l’Eau.
En ce qui concerne les travaux de construction de la station de Casablanca, notre interlocuteur explique que la tutelle se penche sur les dernières démarches administratives qui précèdent le lancement des travaux.