Le marché des viandes rouges au Maroc est en ébullition, avec des prix grimpant en flèche et des tensions exacerbées entre les acteurs clés. Pendant ce temps, le gouvernement intensifie ses efforts pour calmer la tension.
Dans les boucheries, à travers le Royaume, les prix de la viande rouge semblent défier la gravité, atteignant des sommets inquiétants. Selon le bulletin hebdomadaire de Casa Prestations, le gestionnaire du marché de gros, le prix du kilogramme de viande bovine oscille actuellement entre 85 et 95 dirhams, tandis que celui de la viande ovine dépasse les 120 dirhams. Cette montée des prix crée une tension palpable alors que l’Aïd Al-Adha approche à grands pas.
Face à cette situation alarmante, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki, a pris les devants en organisant, à Rabat, une réunion d’urgence avec les acteurs de l’industrie des viandes rouges. Cette rencontre visait à évaluer les défis majeurs auxquels est confronté le secteur, notamment la sécheresse, l’inflation et les répercussions continues de la crise du Covid-19, qui ont tous perturbé l’équilibre de production.
L’ordre du jour ne se limitait pas seulement à un constat de la situation, mais également à l’élaboration de mesures concrètes pour assurer la stabilité du marché. Parmi les sujets abordés figurait l’approvisionnement du marché national en viandes rouges, une question cruciale à l’approche de l’Aïd Al-Adha. Moulay M’hamed Loultiti, président de la coopérative COPAG, a souligné l’importance de trouver un équilibre entre la production nationale, les besoins internes et les importations pour répondre à la demande croissante pendant cette période.
Cependant, malgré ces efforts apparents, les tensions persistent. Les grossistes, notamment à Casablanca, se retrouvent dans une situation critique dès le début d’avril, alors que l’importation de veaux destinés à l’abattage depuis les marchés étrangers a été soudainement interrompue. Les demandes de licences d’importation ont été rejetées par la Direction du Développement des Chaînes de Production au ministère de l’Agriculture, déclenchant un tollé parmi les grossistes qui estiment être injustement écartés du marché.
Cette décision a suscité des interrogations quant aux motivations réelles derrière cette interdiction et alimenté les craintes d’une manipulation du marché au détriment des acteurs locaux. La frustration monte parmi les grossistes, qui se sentent abandonnés par les autorités face à cette crise imminente.
Depuis l’imposition de l’interdiction d’importation de veaux destinés à l’abattage, les grossistes en viande rouge sont confrontés à un cauchemar logistique. Du jour au lendemain, leurs chaînes d’approvisionnement habituelles ont été brutalement coupées, plongeant leurs entrepôts dans le vide et laissant leurs clients dans l’incertitude. Cette mesure, jugée «draconienne» par les grossistes, menace désormais l’existence même de nombreuses entreprises du secteur.
Dans un élan de désespoir et de colère, les grossistes ont décidé de prendre les choses en main. Des manifestations ont éclaté dans les rues, des pétitions circulent et les autorités gouvernementales sont sollicitées pour réexaminer cette décision jugée arbitraire et préjudiciable. Les grossistes expriment leur indignation face à ce qu’ils considèrent comme une attaque directe contre leur gagne-pain, mettant en lumière l’impact dévastateur de cette interdiction sur leurs moyens de subsistance et sur l’économie dans son ensemble.
Ils soulignent également l’injustice de cette mesure, arguant qu’ils remplissent toutes les conditions requises pour importer légalement et que leur exclusion du marché ne profite qu’à d’autres acteurs. Pour eux, cette interdiction semble être motivée par des intérêts autres que la protection du marché local, ce qui renforce leur détermination à obtenir justice.