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Comment les produits turcs font face aux restrictions prudentielles du Maroc [INTÉGRAL]

En ce début de l’année 2024, les exportations turques vers le Maroc poursuivent leur courbe haussière. Durant le premier trimestre, leur valeur a atteint 733 millions de dollars, faisant de Rabat le second client africain d’Ankara. Au cours des 20 dernières années, les échanges commerciaux entre les deux pays sont passés de 700 millions de dollars à 4,4 milliards, avec une balance commerciale très déficitaire côté marocain. En 2019, l’ex-ministre de l’Industrie, Moulay Hafid El Alami, avait tiré la sonnette d’alarme appelant à une révision totale de l’Accord de Libre Echange (ALE), scellé en 2006 entre les deux pays. En 2020, le Maroc trouve un accord avec les Turcs, obtenant une liste négative de produits sur lesquels les droits de douanes seront rétablis à hauteur de 90% du droit commun. Il s’agit de plus de 1200 produits locaux impactés par les importations de Turquie et regroupés en 630 positions tarifaires. La liste porte sur des produits relevant des secteurs du textile et habillement, du cuir, de la métallurgie, de l’électricité, du bois et de l’automobile. Mais malgré ces mesures, la balance penche toujours vers l’économie turque. « Contrairement au Maroc, qui a du mal à rééquilibrer ses relations commerciales, la Turquie bénéficie de l’expertise et de la maturité industrielle de l’Union Européenne sans être soumise aux contraintes légales et salariales de celle-ci », explique Anas Abdoun, Senior Analyst Africa & Middle-East chez Stratas Advisors. Cette dynamique explique pourquoi le Royaume peine à trouver un avantage compétitif dans ses échanges commerciaux avec des partenaires tels que la France, ajoute l’expert.

Industrie forte, mais pas que…


Tout en confortant les propos de Abdoun, Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste en politiques publiques, rappelle que le Maroc subit localement et mondialement « une farouche concurrence turque souvent dénoncée comme déloyale et à forte tonalité en dumping en tout genre par l’AMITH ». En effet, les entreprises turques procèdent via des délocalisations d’enseignes dans la plupart des villes du Maroc, « un procédé connu en commerce international sous la dénomination de détournement du trafic », commente note économiste, soulignant que ce type d’entrisme détruit des milliers d’emplois localement dans des secteurs pourvoyeurs d’emplois pour les jeunes et les couches populaires. De son côté, El Hassane Hzaine, chercheur et ancien DG du Centre islamique pour le développement du commerce (CIDC), complète que « la compétitivité des produits turcs sur le marché marocain et arabe en général est stimulée par une combinaison de facteurs, notamment l’affinité culturelle, la proximité géographique, la diversité des produits, la qualité, les prix, les stratégies marketing, la qualité perçue et la reconnaissance de la marque par le système de promotion des exportations ». D’autre part, notre expert mentionne les différents obstacles commerciaux et administratifs auxquels « feraient face les produits marocains à l’entrée, d’après experts ».

Prendre des mesures prudentielles


Pour résorber le déficit, Abdelghani Youmni prône une « attention particulière à l’intelligence économique et à la veille sectorielle et concurrentielle ». « Cette veille doit cibler l’artisanat et les artisans comme les menuisiers, les ferronniers et le prêt à porter et prêt à manger qui risquent de passer sous le contrôle de petites et moyennes structures turques qui pratiquent le business du collier de perles (tout prendre) et le transfert des bénéfices et des dividendes en temps réel », précise l’économiste. « Il n’y a pas de recette miracle. Le Maroc doit poursuivre et approfondir les réformes de son économie conformément au Nouveau Modèle de Développement prôné par SM le Roi Mohammed VI en améliorant le climat des affaires et en attirant plus d’investisseurs nationaux et étrangers dans de nouvelles filières », selon El Hassane Hzaine.

Dans cet article, nous avons exploré la dynamique des échanges commerciaux entre la Turquie et le Maroc, mettant en lumière les défis auxquels le Maroc est confronté en raison de la concurrence des produits turcs. Malgré les mesures prises pour rééquilibrer la balance commerciale, les produits turcs continuent de dominer le marché marocain en raison de divers facteurs tels que l’expertise industrielle et la compétitivité des produits turcs. Les experts soulignent la nécessité pour le Maroc d’adopter une approche proactive en matière d’intelligence économique et de réforme économique pour attirer des investisseurs et renforcer sa compétitivité sur le marché international.

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