- Toujours dans le cadre du trafic dans les provinces du Sud, l’affaire Escobar du Sahara a fait couler beaucoup d’encre. Que représente pour vous cette affaire en termes de réalisations ?
La particularité de cette affaire réside dans les statuts des personnes impliquées, notamment des hommes politiques et des personnalités connues au niveau national. Raison pour laquelle elle a défrayé la chronique. Mais pour moi, en tant que policier, c’est une affaire parmi tant d’autres. Or, elle montre, par contre, le niveau de vigilance des autorités marocaines au niveau de tout le territoire national.
- En parlant de vigilance, les autorités algériennes déclarent souvent et en grande pompe les saisies de grandes quantités de cannabis, mettant en question l’efficacité du contrôle marocain. Un mot à dire là-dessus ?
D’emblée, je voudrais préciser que depuis 2018, nous nous sommes focalisés intensément sur les réseaux opérant dans les provinces du Sud du Royaume. De grosses saisies se faisaient quotidiennement de convois de cannabis destinés soit à la Mauritanie, soit à l’Algérie. Aujourd’hui, les autorités algériennes veulent s’attribuer le mérite de la régression des saisies, or, cette baisse est due au travail qui se fait au Maroc, par les autorités marocaines. Transporter le hasch par voie terrestre relève désormais d’un vrai chemin de croix, et ce, grâce à un grand travail de renseignement (identification des personnes, leur localisation et l’itinéraire qu’elles comptent emprunter, les moyens de transport qui seront utilisés et le timing parfait pour l’exécution de l’opération) auquel toutes les composantes du pôle DGSN-DGST ont pris part et dont nous sommes très fiers.
- Quel est le bilan de cette lutte contre le trafic de cannabis ?
Depuis 2015 jusqu’à aujourd’hui, nous avons pu saisir près de 1046 tonnes de cannabis, au niveau national. Ce chiffre en dit long sur la baisse des saisies chez nos voisins de l’Est, comme je soulignais au début.
- Dans les régions sahariennes, le front séparatiste du Polisario n’est-il pas un acteur dans le trafic de drogue, selon vos informations ?
Il faut être pragmatique. Il est inconcevable de penser que le trafic de drogue à Tindouf n’a aucun lien avec le Polisario. S’il n’est pas impliqué directement dans les opérations, il l’est indirectement en exigeant notamment aux trafiquants ce qu’on appelle le droit de passage. Mais loin des hypothèses, nous avons déjà saisi des convois dirigés par des membres du Polisario. Il y a également des opérations avortées, dont les dirigeants sont basés à Tindouf. Lors des interrogatoires, les personnes interpellées ont avoué qu’elles ont été embauchées par des dirigeants polisariens pour transporter la drogue du Maroc à Tindouf.
- L’implication est donc avérée…
- Dans 14 ans de carrière à la tête des stups, quelle est l’affaire qui vous a le plus marqué ?
Je ne me rappelle pas trop de l’année, mais il y avait un réseau criminel d’envergure en Espagne, dont les dirigeants auraient, selon les informations fournies alors par nos homologues espagnols, pris la fuite vers le Maroc. Ils nous ont donné quelques identités, mais sans aucune information sûre. Les personnes en question, qui étaient de « gros poissons », recherchées en Espagne pour des crimes odieux, faisaient du trafic international de stupéfiants par voie maritime. Il était donc fort probable qu’ils aient pu entrer au territoire national grâce à des hors-bords nommés «Fantômes», qui font le trajet Espagne-Maroc en 10 minutes. Bref, nous avons lancé l’enquête, qui a duré près de 15 jours. Parmi les informations que nous avions reçues, il y avait celle d’une supposée amie marocaine de l’un des dirigeants. Nous l’avons soumise à une filature, car la police espagnole nous a informé qu’elle comptait rentrer au Maroc (NDLR : suivre à la piste un individu, pour surveiller ses faits et gestes). Dès son entrée au territoire, un transporteur professionnel est venu la chercher à Bab Sebta, pour prendre ensuite la fuite vers Martil. Au début, il a certes échappé à nos radars, mais encore une fois sur la base d’informations très précieuses, les éléments de la PJ sont parvenus à localiser la voiture. Nous avons ensuite pu arrêter les fugitifs, qui avaient en leur possession une énorme quantité d’argent en euros. C’est une affaire marquante de par la coopération étroite entre les différentes autorités nationales et les autorités espagnoles. Aussi, elle nous a permis de faire bonne figure devant nos partenaires internationaux.
- Concernant le détournement de l’usage de certains produits légaux, comme le «Protoxyde d’azote ». Comment faites-vous pour endiguer ces nouvelles tendances ?
Nous prenons tout d’abord conscience de ces phénomènes grâce à nos partenariats avec la société civile, grâce aux échanges d’informations avec le ministère de la Santé, grâce à nos réunions avec les associations de parents d’élèves, etc. Ces échanges nous permettent de déterminer les nouvelles tendances, en plus du travail purement policier. Notre plan d’action cible les trafiquants directement, sur la base des informations obtenues de la part de nos différents partenaires.
Dans le monde de la criminalité transnationale, il existe des individus qui se distinguent par leur audace et leur brutalité. L’un de ces individus est connu sous le nom de « L’Bouffa », surnommé l’Escobar du Sahara en raison de son implication dans le trafic de cocaïne à grande échelle.
L’Bouffa est un personnage mystérieux et redouté, dont les activités criminelles s’étendent sur plusieurs continents. Son réseau de trafic de drogue s’étend du Sahara à l’Europe en passant par l’Amérique du Sud, faisant de lui l’un des principaux acteurs du marché de la cocaïne dans le monde.
Pour en savoir plus sur ce criminel sans scrupules, nous avons rencontré le patron de la division de lutte contre la criminalité transnationale, qui a accepté de nous parler de son combat contre des individus comme L’Bouffa.
« Je dois dire que L’Bouffa est l’un des criminels les plus redoutables que j’ai eu à affronter au cours de ma carrière. Son organisation est extrêmement bien structurée et il est capable de corrompre des hauts fonctionnaires et des politiciens pour faire avancer ses affaires. Il est impitoyable et n’hésite pas à éliminer quiconque se met en travers de son chemin », nous confie-t-il.
Malgré les efforts déployés par les autorités pour démanteler son empire criminel, L’Bouffa continue de prospérer et de contrôler une grande partie du marché de la cocaïne. Sa puissance financière lui permet de se procurer des armes sophistiquées et d’engager des mercenaires pour éliminer ses rivaux et protéger ses intérêts.
« La lutte contre des criminels de cette envergure est un défi de taille pour les forces de l’ordre. Nous devons travailler en collaboration avec nos partenaires internationaux pour traquer et neutraliser ces individus. Mais malgré tous nos efforts, il est difficile de mettre fin à un réseau aussi vaste et bien organisé que celui de L’Bouffa », explique le patron de la division de lutte contre la criminalité transnationale.
Face à la menace croissante que représente L’Bouffa et ses semblables, les autorités doivent redoubler d’efforts pour lutter contre le trafic de drogue à l’échelle mondiale. Il est essentiel de renforcer la coopération internationale et d’améliorer les moyens de lutte contre ce fléau qui gangrène nos sociétés.
En fin de compte, la traque de criminels aussi impitoyables et dangereux que L’Bouffa nécessite une collaboration étroite entre les forces de l’ordre des différents pays. Seul un effort conjoint et coordonné permettra de mettre un terme aux activités criminelles de ces individus et de rendre nos sociétés plus sûres et plus justes.