La fracture entre les zones urbaines et rurales est nette, avec une baisse plus prononcée du taux d’activité dans les campagnes, s’élevant à 1,8 point. Les femmes, déjà en situation de sous-représentation dans le marché du travail, ont été davantage touchées par cette baisse, avec un recul de 0,8 point de leur taux d’activité.
Activité selon le milieu de résidence
Les jeunes sont une force motrice importante sur le marché de l’emploi, représentant près de 40% des actifs, avec une présence plus marquée en milieu urbain. Cependant, la précarité de l’emploi demeure, avec près de la moitié des actifs ne disposant pas de qualifications formelles, une proportion plus élevée en zones rurales.
Parmi les 10,5 millions d’actifs occupés, près de 40% résident en milieu rural, tandis que seulement un cinquième sont des femmes. Les jeunes de 15 à 34 ans constituent plus d’un tiers de la population active occupée, soulignant l’importance cruciale de la création d’emplois pour cette tranche d’âge.
Taux d’emploi et perspectives
Le taux d’emploi, un indicateur clé de la santé économique d’un pays, a atteint 38% au niveau national, avec des disparités significatives entre les zones urbaines et rurales. Alors que les hommes affichent un taux d’emploi de 61,1%, seulement 15,5% des femmes sont employées.
Les jeunes sont confrontés à des défis persistants sur le marché du travail, avec un taux d’emploi de seulement 14,5% pour les 15-24 ans. En revanche, la tranche d’âge 35-44 ans affiche un taux d’emploi plus élevé, atteignant 53,8%.
Composition sectorielle de la population active occupée
Les chiffres révélés dans la dernière note du HCP signalent que le secteur des « services » émerge en tête en termes d’emplois, comptant pas moins de 5.114.000 personnes, soit près de la moitié de la population active occupée (48,3%). Ce secteur polyvalent englobe une diversité de domaines, dont le commerce, les services sociaux et le transport, entre autres.
L’agriculture, pilier traditionnel de l’économie marocaine, demeure une force significative, employant 2.947.000 personnes, soit 27,8% de la population active occupée. En revanche, l’industrie, incluant l’artisanat, et le secteur du BTP comptent respectivement 1.296.000 (12,2%) et 1.228.000 (11,6%) travailleurs.
Une plongée plus profonde dans les statistiques révèle des nuances intéressantes. Par exemple, parmi les travailleurs du secteur des « services », près d’un tiers sont actifs dans le commerce, tandis que les services sociaux et le transport représentent chacun environ 12%.
L’examen des milieux de résidence met également en lumière des disparités. En effet, les deux tiers des actifs occupés urbains travaillent dans le secteur des services, tandis qu’en milieu rural, l’agriculture reste le principal pourvoyeur d’emplois, avec 64% des actifs occupés exerçant dans ce secteur vital.
En ce qui concerne les professions, les artisans et ouvriers qualifiés des métiers artisanaux, ainsi que les manœuvres non agricoles et les ouvriers agricoles, dominent le paysage professionnel, représentant ensemble près de 54% de l’ensemble des actifs occupés.
Les statuts du salariat et de l’emploi indépendant prédominent
Près de 6 actifs occupés sur 10 sont employés sous un régime salarial, tandis que les travailleurs indépendants représentent environ un quart de la population active occupée. Cette dichotomie se reflète également dans les disparités entre hommes et femmes. Les femmes, en particulier en milieu urbain, sont plus susceptibles d’être employées sous un statut salarial, tandis que les hommes sont plus enclins à opter pour l’indépendance professionnelle.
Les aides familiales, une réalité souvent méconnue du marché du travail, représentent une part significative, surtout chez les femmes rurales, où près de 68% de celles-ci sont répertoriées comme telles.
Qualification des actifs occupés
Près de la moitié des actifs occupés n’ont aucun diplôme, tandis que 32% possèdent un diplôme moyen et 18,1% ont un diplôme supérieur. Ces chiffres varient selon les secteurs, avec une proportion plus élevée de travailleurs non qualifiés dans l’agriculture et le BTP. De plus, les travailleurs indépendants sont souvent moins qualifiés que leurs homologues salariés.
Travail non rémunéré : une réalité persistante
Les données du HCP dévoilent que près de 11% des actifs occupés au Maroc exercent un emploi non rémunéré, une réalité qui pèse plus lourdement sur certains groupes de la population. Les femmes, les jeunes et les individus sans diplôme sont particulièrement touchés par cette forme de travail.
D’autre part, environ 10,2% des travailleurs marocains exercent un emploi de type occasionnel ou saisonnier, une réalité qui témoigne des défis inhérents à la stabilité professionnelle dans certains secteurs. « Cette précarité touche davantage les travailleurs ruraux », signale le HCP.
Plus d’un tiers des travailleurs marocains (35,3%) travaillent plus de 48 heures par semaine, une réalité qui pose des défis en matière de santé et de bien-être. Cette tendance touche particulièrement les hommes et les travailleurs des secteurs des services et du BTP.
Moins d’un tiers des travailleurs marocains bénéficient d’une couverture médicale liée à l’emploi, une réalité qui met en lumière les lacunes persistantes en matière de sécurité sociale et de protection des travailleurs. Cette situation est étroitement liée au niveau de diplôme, soulignant, selon le HCP, les inégalités sociales et économiques qui persistent dans le pays.
Le casse-tête de la qualification professionnelle persiste
La qualification professionnelle est un sujet brûlant dans le monde du travail. Que ce soit pour l’accès à un emploi, une promotion, ou la reconnaissance de ses compétences, la question de la qualification professionnelle est essentielle. Cependant, malgré les efforts pour la mettre en avant, le casse-tête de la qualification professionnelle persiste.
En effet, de nombreuses difficultés subsistent pour valoriser et reconnaître les compétences des individus. Les diplômes et certificats restent souvent la norme pour attester de la qualification d’une personne, alors que de nombreuses compétences sont acquises par l’expérience professionnelle, la formation continue, ou même les compétences personnelles.
De plus, la digitalisation et l’évolution rapide des métiers rendent obsolètes de nombreux diplômes et certificats, et mettent en lumière la nécessité de reconnaître et valoriser les compétences transversales et évolutives des individus.
Face à ces enjeux, des initiatives émergent pour repenser la qualification professionnelle. Des plateformes de reconnaissance des compétences sont développées, permettant aux individus de valoriser leur parcours et leurs acquis. De plus en plus d’entreprises se tournent vers des méthodes d’évaluation des compétences plus flexibles, comme les entretiens de recrutement par compétences, ou les assessments en ligne.
Cependant, malgré ces avancées, le casse-tête de la qualification professionnelle persiste. Les mentalités doivent évoluer, et les entreprises, les écoles, et les individus doivent s’adapter aux nouvelles réalités du marché du travail. La reconnaissance formelle des compétences acquises en dehors du cadre traditionnel de l’éducation reste un défi majeur.
Il est donc primordial de poursuivre les efforts pour repenser la qualification professionnelle, et valoriser les compétences des individus de manière juste et équitable. Seule une approche globale, intégrant les enjeux de formation, de recrutement, et d’évolution professionnelle, permettra de résoudre le casse-tête de la qualification professionnelle et de construire un marché du travail plus inclusif et compétitif.