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Lorsque les corsaires de Salé protégeaient nos frontières…

Issue d’une famille d’origine maroco-andalouse, les Beni Rashid, Sayyida Al Hourra a profondément marqué l’Histoire du monde musulman, notamment par sa lutte âpre contre les Portugais qui ont occupé la ville de Sebta et par son mariage avec le célèbre corsaire Barbarossa.

Sur sa naissance, les sources ne sont pas unanimes. Certaines la disent née à Chefchaouen en 1493, d’autres dans le royaume de Grenade en 1485. Les origines de son nom ne sont pas concordantes non plus. Aïcha ou Fatima ? Sayyida, Lalla, Moulati ou Cherifa ? Face à ces questions qui opposent les historiens, le mystère persiste autour de cette icône féminine, qui a néanmoins profondément marqué l’histoire du Maroc, de l’Espagne et du Portugal au XVIe siècle.

En revanche, les sources se rejoignent sur son parcours marocain. La jeune femme a passé son enfance à Chefchaouen, ville fondée par son père, Ali Ben Moussa Ben Rachid, en 1471. La parenté de Sayyida Al Hourra est liée, du côté paternel, au pôle mystique du soufi Moulay Abdeslam Ben Mchich, un saint dont le sanctuaire se dresse sur le mont Allam, dans la région de Jbala. Sa mère, Zahra Fernandez, est Espagnole.

En pleine Reconquista andalouse, la jeune adolescente évolue sous la conduite des souverains espagnols qui occupaient simultanément plusieurs villes côtières du Maroc, alors sous la coupe des sultans Wattasides dont le règne était de plus en plus ténu.

A Chefchaouen, cité-état et forteresse, la jeune fille va parfaire son éducation, empreinte de culture, auprès des plus grands intellectuels de l’époque.

A tout juste seize ans, elle a convolé en justes noces avec Mohamed Al-Mandari, second gouverneur de Tétouan. Cette union influente avait pour but de renforcer l’alliance entre les deux familles et de former un front uni contre l’occupation occidentale.

Après avoir perfectionné ses talents de diplomate et de magistrate en assistant son mari, elle lui a succédé en tant que gouverneure de Tétouan à sa mort en 1529. Elle est alors connue sous le nom de « Al Hourra », la femme libre. C’est à cette époque qu’elle s’est alliée à un guerrier qui ne fut autre que le célèbre corsaire ottoman attaché au dey d’Alger, Arudi Barbarossa.

Aux commandes d’une armée et d’un véritable arsenal de guerre, elle a mené d’une poigne d’acier le commerce naval et les expéditions de corsaires en Méditerranée occidentale et s’est illustrée comme une stratège accomplie. Barberousse quant à lui contrôlait la Méditerranée orientale. Leur association est plus que féconde, car le tandem de choc va multiplier les campagnes en mer, accumulant une petite fortune grâce aux rançons exigées des Espagnols et des Portugais en contrepartie de la libération de leurs prisonniers.

En 1541, elle épousa en secondes noces Ahmed Al Wattassi, Sultan du Maroc, qui fit le voyage jusqu’à Tétouan pour pouvoir se marier avec elle, alors qu’il était de coutume que de telles festivités se déroulaient à Fès, la capitale. Elle a tenu à lui faire savoir qu’en ne se déplaçant pas, elle ne renoncerait pas pour autant à son droit de régner sur Tétouan. De fait, ce fut à Tétouan qu’elle résida en permanence, son époux l’ayant mandatée pour s’occuper des relations avec les Portugais.

L’héritage de Sayyida Al Hourra reste encore aujourd’hui présent dans l’histoire du Maroc, de l’Espagne et du Portugal. Sa force, sa détermination et son intelligence en ont fait une figure emblématique de son époque, inspirant de nombreuses générations de femmes et d’hommes à travers les siècles.

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