- Pourquoi la MINUSCA reste-t-elle inefficace ?
Ce qui se passe avec la MINUSCA est classique pour les missions onusiennes de maintien de la paix. A mesure qu’elle se prolonge dans le temps, elle a tendance à s’enkyster, c’est-à-dire qu’elle perd l’initiative sur le terrain, et se replie donc sur ses baraquements, en faisant le service minimum. C’est un problème commun à presque tous les contingents. Le principal est celui du Rwanda, qui est là pour des intérêts politiques, et sur la base d’un accord bilatéral entre le Rwanda et la RCA. Les soldats marocains n’ont pas cette facilité, même si le Maroc a essayé de jouer un rôle significatif en RCA. Le second problème est que depuis le printemps 2020, le pays est contrôlé soit par Wagner, soit par les forces rwandaises, soit par les forces locales, les FACA (Forces armées centrafricaines), ainsi que d’autres milices locales contractées par Wagner.
- Comment la MINUSCA contrebalance cette influence ?
Il y a eu, par le passé, des atteintes importantes aux droits de l’Homme. Il a fallu que le précédent Chef de la MINUSCA, Mankeur Ndiaye, se déplace à Moscou pour discuter de ce sujet et obtenir des aménagements. Wagner est une caricature des troupes conventionnelles, c’est-à-dire que lorsqu’elles sont bien encadrées, elles ne se conduisent pas si mal. Par contre, et surtout avec la guerre en Ukraine, elles sont de moins en moins encadrées par des officiers professionnels, et ont donc tendance à multiplier les exactions contre les civils.
- La nomination de la Rwandaise Valentine Rugwabiza à la tête de la MINUSCA changera-t-elle quelque chose ?
Cette nomination obéit à plusieurs logiques. Du point de vue des Nations Unies, il s’agit de sauver la mission. Puisque Valentine Rugwabiza est soutenue par le Rwanda, le président Touadéra ne pouvait pas s’y opposer, car le Rwanda fournit le principal contingent de forces à la MINUSCA. En ayant les Rwandais, il est sûr que son pouvoir sera protégé. Pour lui, c’est aussi une façon de ne pas couper totalement les ponts avec les Occidentaux. Touadéra sait que le Président du Rwanda Paul Kagame est proche du gouvernement français. D’ailleurs, plusieurs rencontres entre Emmanuel Macron et Faustin-Archange Touadéra ont été organisées par les Rwandais.
Recueillis par Soufiane CHAHID
Dans ce reportage captivant, on explore les défis auxquels fait face la MINUSCA en République centrafricaine. La mission de maintien de la paix des Nations Unies vit actuellement des moments difficiles dans le pays en proie à l’instabilité politique et aux conflits armés.
L’article expose les raisons pour lesquelles la MINUSCA semble inefficace. L’enlisement de la mission est mis en avant, avec une perte d’initiative sur le terrain et un repli vers une position de service minimum. Les contingents de différents pays, notamment celui du Rwanda, sont également pointés du doigt pour leurs intérêts politiques et leur manque d’implication active.
L’influence grandissante de Wagner, une société militaire privée russe, est également abordée. Cette présence dans certaines zones clés du pays soulève des préoccupations quant aux atteintes aux droits de l’homme et aux exactions contre les civils. La MINUSCA est appelée à contrebalancer cette influence et à protéger la population locale.
La nomination de Valentine Rugwabiza, une Rwandaise, à la tête de la MINUSCA est analysée. Cette décision stratégique vise à renforcer le soutien du Rwanda à la mission et à assurer la protection du président Touadéra. Les relations complexes entre le Rwanda, la France et la République centrafricaine sont également mises en lumière.
En conclusion, il apparaît que la MINUSCA doit relever de nombreux défis pour remplir son mandat efficacement en République centrafricaine. La coopération internationale et l’engagement des différentes parties prenantes seront essentiels pour surmonter les obstacles et instaurer une paix durable dans le pays.