- Dans 14 ans de carrière à la tête des stups, quelle est l’affaire qui vous a le plus marqué ?
Je ne me rappelle pas trop de l’année, mais il y avait un réseau criminel d’envergure en Espagne, dont les dirigeants auraient, selon les informations fournies alors par nos homologues espagnols, pris la fuite vers le Maroc. Ils nous ont donné quelques identités, mais sans aucune information sûre. Les personnes en question, qui étaient de « gros poissons », recherchées en Espagne pour des crimes odieux, faisaient du trafic international de stupéfiants par voie maritime. Il était donc fort probable qu’ils aient pu entrer au territoire national grâce à des hors-bords nommés «Fantômes», qui font le trajet Espagne-Maroc en 10 minutes. Bref, nous avons lancé l’enquête, qui a duré près de 15 jours. Parmi les informations que nous avions reçues, il y avait celle d’une supposée amie marocaine de l’un des dirigeants. Nous l’avons soumise à une filature, car la police espagnole nous a informé qu’elle comptait rentrer au Maroc (NDLR : suivre à la piste un individu, pour surveiller ses faits et gestes). Dès son entrée au territoire, un transporteur professionnel est venu la chercher à Bab Sebta, pour prendre ensuite la fuite vers Martil. Au début, il a certes échappé à nos radars, mais encore une fois sur la base d’informations très précieuses, les éléments de la PJ sont parvenus à localiser la voiture. Nous avons ensuite pu arrêter les fugitifs, qui avaient en leur possession une énorme quantité d’argent en euros. C’est une affaire marquante de par la coopération étroite entre les différentes autorités nationales et les autorités espagnoles. Aussi, elle nous a permis de faire bonne figure devant nos partenaires internationaux.
- Concernant le détournement de l’usage de certains produits légaux, comme le «Protoxyde d’azote ». Comment faites-vous pour endiguer ces nouvelles tendances ?
Nous prenons tout d’abord conscience de ces phénomènes grâce à nos partenariats avec la société civile, grâce aux échanges d’informations avec le ministère de la Santé, grâce à nos réunions avec les associations de parents d’élèves, etc. Ces échanges nous permettent de déterminer les nouvelles tendances, en plus du travail purement policier. Notre plan d’action cible les trafiquants directement, sur la base des informations obtenues de la part de nos différents partenaires.
- Les informateurs jouent-ils un rôle là-dedans ?
Evidemment. Et partout dans le monde, les informateurs jouent un rôle crucial dans le travail et l’efficacité de l’action policière. Il sied, toutefois, de préciser que ces personnes-là rendent service à leur pays et qu’il ne faut surtout pas les stigmatiser.
- L’arrestation puis la condamnation du baron de la drogue le plus redouté des Pays-Bas, RidouanTaghi, a-t-elle eu des ramifications au Maroc ?
L’enquête est toujours en cours. Nous travaillons côte à côte avec les autorités néerlandaises. Nous avons eu des réunions, dernièrement, aux Pays-Bas. Nous partageons avec eux des informations précieuses sur le réseau criminel de RidouanTaghi. La coopération est sur la bonne voie.
- S’agissant de la coopération sécuritaire internationale, le Maroc est devenu un acteur incontournable dans lutte contre le crime international. Quelle est la place de cette coopération dans vos plans d’action ?
La coopération sécuritaire occupe une place centrale dans nos plans d’action. Les échanges d’informations que j’ai cités dans les différentes affaires se font avec les autorités marocaines, mais également étrangères. Dans ce sens, le Maroc a adhéré à plusieurs instances de coopération sécuritaire internationale comme l’organisation internationale de police criminelle plus connue sous le nom d’Interpol, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, l’Organisation mondiale des douanes, le Secrétariat général du Conseil des ministres de l’Intérieur arabes. De plus, des conventions bilatérales nous lient à d’autres pays amis à travers un réseau d’officiers de liaison et d’attachés de sécurité qui facilitent les échanges. Au fil des années, des affaires et des enquêtes, le Maroc a obtenu la confiance de ses partenaires, grâce à sa célérité, son efficacité et sa réactivité.
- Quels sont les partenaires internationaux avec qui vous travaillez le plus ?
Nous travaillons avec presque tout le monde, mais un peu plus avec les Etats-Unis (DEA), l’Espagne et l’Italie.
L’affaire « L’Bouffa » a récemment défrayé la chronique au Sahara, mettant en lumière les agissements d’un trafiquant de cocaïne redouté dans la région, surnommé « Escobar du Sahara ». Pour en savoir plus sur cette affaire hors normes, nous avons décidé de rencontrer le patron des Stups, l’unité chargée de lutter contre le trafic de drogue en France.
Lorsque nous avons rencontré le patron des Stups, il ne s’est pas détourné de la vérité, même si elle est choquante. Il nous a confié que « L’Bouffa », de son vrai nom Abdelaziz Khouya, était un individu extrêmement dangereux, impliqué dans des trafics de cocaïne à grande échelle dans la région du Sahara.
Selon le patron des Stups, « L’Bouffa » était connu pour sa violence et son absence totale de scrupules. Il était réputé pour sa cruauté envers ses rivaux et ses complices, n’hésitant pas à faire usage de la torture pour parvenir à ses fins. Sa réputation de « Escobar du Sahara » n’était pas volée, et il avait réussi à instaurer sa domination dans la région en s’appuyant sur la terreur.
Mais comment un individu aussi dangereux a-t-il pu prospérer dans une région aussi surveillée que le Sahara ? Le patron des Stups nous a expliqué que le trafic de cocaïne est un phénomène mondial, et que les trafiquants sont capables d’exploiter toutes les failles du système pour mener leurs activités en toute impunité. Il a également souligné le manque de moyens et de coopération internationale dans la lutte contre le trafic de drogue, ce qui rend la tâche des autorités extrêmement difficile.
Pour mettre un terme à l’affaire « L’Bouffa », les autorités ont dû mettre en place une opération d’envergure, mobilisant de nombreux agents des Stups et des forces de police locales. Après des semaines de traque, « L’Bouffa » a finalement été arrêté et condamné à de lourdes peines de prison pour ses activités criminelles.
Cette affaire nous rappelle que le trafic de drogue est un fléau qui gangrène nos sociétés, et que la lutte contre ce phénomène doit être une priorité pour les autorités. Il est essentiel de renforcer la coopération internationale et les moyens mis à disposition des forces de l’ordre pour lutter efficacement contre les trafiquants de drogue, et ainsi protéger nos citoyens des ravages de la drogue.
En conclusion, l’affaire « L’Bouffa » nous rappelle que le combat contre le trafic de drogue est un combat de tous les jours, qui nécessite une détermination sans faille et des moyens adaptés. Les autorités doivent rester vigilantes et ne pas hésiter à mettre tout en œuvre pour lutter contre les trafiquants de drogue, afin de protéger nos sociétés et nos concitoyens.