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Il y a 59 ans, les étudiants se révoltaient à Casablanca contre la réforme Il y a 59 ans, les étudiants de Casablanca se révoltaient contre la réforme


Nous sommes le 22 mars 1965. Des lycéens se ruent vers le terrain de football du lycée Mohammed-V. A 10 heures tocantes, cette marrée de jeunes gens a déjà noirci les lieux. « Il y avait au moins quinze mille lycéens » pouvait-on lire sur les colonnes de « L’Opinion », ce jour-là.
 
Au début, comme l’ont indiqué des manifestants à notre rédaction de l’époque, le but du rassemblement était d’organiser une marche pacifique visant à interpeller, de la manière la plus pacifique possible, l’administration sur « l’atteinte à leur droit à l’enseignement public ». Arrivés au niveau du centre culturel français, les manifestations ont été dispersées par les forces de l’ordre, sans pour autant que celles-ci fassent usage de leurs armes à feu. Fut-ce un acte brutal, comme l’ont hâtivement conclu certains médias étrangers ? Au début, non. Les gardiens de l’ordre ont d’abord invité les lycéens à rentrer chez eux, car les manifestants ne scandaient pas tous les mêmes slogans. Il faut dire que l’organisation de cet événement laissait tant à désirer.
 
Dépités, les étudiants des quartiers populaires reviennent à la charge et de plus belle dès le lendemain, mais cette fois-ci en compagnie de plusieurs centaines de rebelles, pour la plupart issus des bidonvilles. Cette fois-ci, la manifestation est loin d’être sereine. Les protestataires se déchaînent, pillent les magasins, brûlent les bus et les voitures.
 

1965, l’année de l’insurrection populaire

 
Les événements du 23 mars 1965 resteront dans les archives nationales du Royaume comme des manifestations de rue survenues dans plusieurs villes marocaines, à commencer par Casablanca. D’abord étudiantes, elles s’étendent ensuite aux franges les plus démunies de la population. Le bilan est contesté : les autorités marocaines l’évaluent à une dizaine de morts, la presse étrangère et l’UNFP à plus de 1000. Mais pourquoi ces manifestations ont-elles éclaté au grand jour ? Quels en ont été les soubassements, les tenants et les aboutissants ?
 
Début mars 1965, le ministre de l’Éducation nationale, Youssef Belabbès, émet une circulaire interdisant l’accès au second cycle de l’enseignement secondaire à toute personne âgée de plus de 17 ans, excluant de fait 60% des élèves de l’enseignement secondaire. Bien que le baccalauréat ne concerne à l’époque qu’une infime partie de la population, soit en moyenne 1500 lycéens par an, les appels à la démocratisation de ce diplôme ont rapidement résonné dans tout le pays. Pour le gouvernement de l’époque, le droit à la scolarisation fut garanti pour toutes les couches de la population, mais l’augmentation du quota imposé était conditionnée par les lycées encore en cours de construction dans les quartiers populaires et les villages enclavés de l’arrière-pays.
 

Les « soixante-huitards » de chez nous…

 
À tout point de vue, aux quatre coins du globe, la fin des années 60 a été marquée par une radicalisation des mouvements étudiants avec Mai 68 en France, le Printemps de Prague en Tchécoslovaquie, la révolution culturelle chinoise, et on en passe. Au Maroc, en 1969, une troisième phase de l’Histoire de l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) est mise en lumière lors du 13ème congrès de l’Union à la Cité blanche du Royaume. Les étudiants marxistes-léninistes d’ « Ila Al Amame » font leur entrée en force, et surtout, en masse. Les grèves resurgissent, alors, à la surface.
 
Au nom de la démocratie, ce mouvement lycéen fut à l’époque très politisé, d’autant plus qu’il possédait des liens étroits avec l’UNFP. L’UNEM fut créée en 1956. Elle a été tour à tour proche du mouvement national autour de l’Istiqlal et de l’Union socialiste des forces populaires, puis marxiste-léniniste. Le retournement de veste fut, paraît-il, son sport de prédilection. La preuve en est que l’arrivée à l’Université d’étudiants islamistes dans les années 1980 change de fond en comble l’orientation politique du mouvement. Ayant perdu sa boussole, le syndicat a été interdit pendant cinq ans, de 1973 à 1978.
 
Le 12 août 1976, un arrêté du ministre de l’Enseignement supérieur organise l’élection des représentants des étudiants dans les conseils d’administration des universités et des écoles. La réforme du cycle secondaire, la démocratisation du baccalauréat et la refonte des modalités d’élection des syndicats étudiants sont à l’ordre du jour.

Il y a 59 ans, en 1961, les étudiants du Maroc se sont révoltés à Casablanca contre la réforme de l’enseignement supérieur proposée par le gouvernement. Cette révolte, connue sous le nom d’« Affaire Ben Barka », a marqué un tournant décisif dans l’histoire du mouvement étudiant marocain et a mis en lumière les tensions politiques et sociales qui existaient à l’époque dans le pays.

L’Affaire Ben Barka a débuté en février 1961, lorsque le gouvernement marocain a annoncé un projet de réforme de l’enseignement supérieur, visant à réorganiser et centraliser le système éducatif. Les étudiants ont immédiatement exprimé leur opposition à cette réforme, arguant qu’elle visait à restreindre la liberté académique et à contrôler politiquement les universités.

La révolte des étudiants a rapidement pris de l’ampleur à Casablanca, la principale ville universitaire du Maroc. Des manifestations ont eu lieu dans les rues, rassemblant des milliers d’étudiants et de sympathisants, qui scandaient des slogans contre le gouvernement et réclamaient le retrait de la réforme.

La répression policière a été brutale, avec des centaines d’étudiants arrêtés et certains emprisonnés. Les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants ont été violents, et plusieurs étudiants ont été blessés.

L’affaire a pris une tournure tragique lorsque le leader étudiant et intellectuel Mehdi Ben Barka a été arrêté par les autorités marocaines à la suite de ses activités de protestation. Ben Barka a ensuite été enlevé et assassiné par des agents français en exil à Paris, dans des circonstances mystérieuses qui ont choqué le monde et suscité une vague de protestations internationales.

L’Affaire Ben Barka a eu un impact profond sur la société marocaine et a conduit à une prise de conscience généralisée des problèmes politiques, sociaux et économiques auxquels le pays était confronté. Les étudiants ont continué à jouer un rôle actif dans la vie politique du pays, en menant des campagnes pour la démocratie, les droits de l’homme et la justice sociale.

Aujourd’hui, l’héritage de l’Affaire Ben Barka demeure vivant dans la mémoire collective du Maroc. Les étudiants d’aujourd’hui se souviennent des sacrifices de leurs prédécesseurs et continuent à se battre pour un avenir meilleur, marqué par la liberté, la démocratie et la justice.

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