Au cours de sa dernière conférence de presse hebdomadaire, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a fait le point sur l’évolution du dialogue social en cours, dont le round actuel est censé être décisif. Alors que les discussions s’annoncent ardues, l’Exécutif se veut rassurant envers les partenaires sociaux afin de gagner leur confiance dès le début des négociations. Devant les caméras, Baitas a souligné la volonté du gouvernement de trouver des solutions pour soutenir les classes laborieuses, malgré une série de revendications à prendre en compte.
Au cours de la semaine dernière, le gouvernement a multiplié les réunions avec les centrales syndicales les plus représentatives (UGTM, UMT et CDT) ainsi que la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM). Ces rencontres préliminaires ne sont que le début d’un processus visant à préparer le terrain avant d’aborder les sujets plus sensibles.
Le gouvernement est fortement sollicité à la fois par les syndicats et le patronat pour accélérer la mise en œuvre de l’accord social du 30 avril 2022. Cependant, chaque partie défend ses propres priorités. Du côté syndical, les revendications sont claires : une hausse générale des salaires pour les fonctionnaires et les salariés du secteur privé, en plus de la hausse du SMIG de 10% prévue en 2023.
Cette revalorisation des salaires est jugée cruciale pour les classes laborieuses dans un contexte d’inflation. Le gouvernement se montre réceptif à cette demande de revalorisation salariale. Le ministre de l’Emploi, Younes Sekkouri, a déjà annoncé des réponses concrètes d’ici le mois de mai prochain. Cette approche proactive a été saluée par l’Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM), qui se positionne en tant que syndicat réformiste. Cependant, d’autres acteurs tels que l’UMT militent pour une augmentation du SMIG à 5000 dirhams, une proposition à laquelle la Confédération marocaine des très petites et moyennes entreprises s’oppose catégoriquement.
Le débat s’intensifie également autour de la réforme de l’Impôt sur le Revenu (IR). Les syndicats jugent que le taux de prélèvement est trop élevé et demandent une baisse de la pression fiscale sur les classes moyennes. Toutefois, le modus operandi pour cette réforme n’est pas encore défini.
Le gouvernement est confronté à des choix budgétaires complexes alors que le coût du dialogue social s’élève à 27 milliards de dirhams et que les perspectives de croissance économique demeurent modestes. Parallèlement, d’autres dossiers sensibles comme la réforme des retraites ou la réforme du code du travail attendent d’être abordés.
Dans ce contexte, le Premier ministre Aziz Akhannouch se retrouve face à une équation complexe qui nécessitera des arbitrages délicats pour concilier les intérêts des différentes parties prenantes. Le gouvernement devra faire preuve de pragmatisme et de fermeté dans ses décisions pour garantir un dialogue social constructif et équilibré.